Jean Baudrillard  » C’est un lieu d’une catastrophe, et non plus une crise. Les choses s’y précipitent au rythme d’une technologie, y compris les technologies douces et psychédéliques… »


- Ces simples matériaux bruts...

 » Le transpolitique, c’est la transparence et l’obscénité de toutes les structures dans un univers déstructuré, la transparence et l’obscénité du changement dans un univers déhistorisé, la transparence et l’obscénité de l’information dans un univers désévénementialisé, la transparence et l’obscénité de l’espace dans la promiscuité des réseaux, la transparence et l’obscénité du social dans les masses, du politique dans la terreur, du corps dans l’obscénité et le clonage génétique… Fin de la scène du phantasme, fin de la scène du corps – irruption de l’obscène. Fin du secret – irruption de la transparence.
Le transpolitique est le mode de disparition de tout cela ( ce n’est plus le mode de production, c’est le mode de disparition qui est passionnant ), cette courbure maléfique qui met fin à l’horizon du sens. La saturation des systèmes les amène à leur point d’inertie : l’équilibre de la terreur et de la dissuasion, la ronde orbitale des capitaux flottants, des bombes H, des satellites d’information…et des théories, elles-mêmes flottantes, satellites d’un référentiel absent. Obésité des systèmes de mémoire, des stocks d’information qui ne sont d’ores et déjà plus traitables – obésité, saturation d’un système de destruction nucléaire excédant d’ores et déjà ses propres fins, excroissant, hypertélique. Le transpolitique, c’est cela aussi : le passage de la croissance à l’excroissance, de la finalité à l’hypertélie, des équilibres organiques aux métastases cancéreuses. C’est un lieu d’une catastrophe, et non plus une crise. Les choses s’y précipitent au rythme d’une technologie, y compris les technologies douces et psychédéliques, qui nous entraînent de plus en plus loin de tout réel, de toute histoire, de tout destin. Mais si le secret est de plus en plus traqué par la transparence, si la scène ( non seulement celle du sens, mais aussi la puissance d’illusion et de séduction des apparences ) est de plus en plus traquée par l’obscène, l’énigme pourtant, consolez-vous, reste entière – y compris celle du transpolitique. » Jean Baudrillard, Les Stratégies fatales, Extrait, 1983.

Lecture du mercredi…

17 Réponses to “Jean Baudrillard  » C’est un lieu d’une catastrophe, et non plus une crise. Les choses s’y précipitent au rythme d’une technologie, y compris les technologies douces et psychédéliques… »”

  1. Un renard qui habite la région Tchernobyl sait se faire des sandwiches de plusieurs couches….

    Lire la suite: http://fr.sputniknews.com/videoclub/20150428/1015859870.html#ixzz3YhwQuLYw

  2. « Quatre articles ont été publiés récemment sur Fukushima. Ils montrent que rien n’est réglé, que les mêmes questions se posent depuis 4 ans. Partir est une solution pour ceux qui s’en donnent les moyens. Rester est-il pour autant un acte qui fait le jeu du gouvernement qui souhaite le retour des populations en zone contaminée ? Dans une situation qui reste inextricable, il y a plusieurs « solutions », chaque individu fait son choix ou son non choix…..  » lire la suite ici :
    http://www.fukushima-blog.com/2015/04/points-de-vue-sur-fukushima.html

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