La bataille du Mans eut lieu les 11 et 12 janvier 1871, à une dizaine à l’est du Mans dans la Sarthe, essentiellement sur le site du camp militaire d’Auvours à Champagné (d’où le nom parfois attribué de bataille d’Auvours), ainsi qu’à Changé. Ce fut une défaite décisive de la France contre la Prusse dans le cadre de la guerre franco-allemande de 1870-71….
Cinquante à soixante mille mobilisés bretons, formant l’armée de Bretagne, d’abord sous les ordres du général comte de Kératry puis du général de Marivault, furent rassemblés dans le camp de Conlie. Mal vêtus, contraints de monter leurs tentes dans un terrain récemment labouré, devenu bientôt fangeux, sans aucun approvisionnement, tant alimentaire que d’ordre militaire, ils furent bientôt la proie de maladies (fièvre typhoïde, variole…). Gambetta les considérant comme des indépendantistes ou des Chouans potentiels, il n’équipa qu’une infime fraction des troupes avec à peine plus de 4 000 vieux fusils à percussion de types divers, parfois rouillés, dont les plus modernes étaient des Springfield datant de la guerre de Sécession. De plus, ils furent dotés de munitions hétéroclites qui, parfois, ne correspondaient pas à leurs armes, ou dont la poudre avait été « délavée » par l’humidité et se révélaient incapables de faire feu. Dans le pire des cas, certaines de ces armes explosaient au moment du tir, s’avérant plus dangereuses pour leur servant que pour l’ennemi. Indigné par le sous-équipement de ses troupes et les conditions sanitaires déplorables qui leur étaient imposées, et n’obtenant pas de réponse satisfaisante du Gouvernement de Défense Nationale, Keratry demanda à être relevé de son commandement.
Déplacés à la Tuilerie dans un saillant, et portés à la pointe de la défense française, alors qu’ils ne devaient former qu’une armée de réserve, ils furent rapidement obligés de reculer, après la déroute des forces régulières françaises, le 11 janvier 1871…. » lire la suite de l’article ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_du_Mans_(1871)
« Les baraquements ne sont pas construits à l’arrivée des mobilisés et des tentes sont établies en urgence.[réf. nécessaire]. Comme le terrain avait été nivelé peu de temps avant l’installation du camp, le piétinement de milliers d’hommes en fait rapidement un bourbier où il est très difficile de se déplacer. Les mauvaises conditions climatiques n’arrangent rien, des pluies torrentielles inondent le camp que les soldats surnomment « Kerfank », la ville de boue en breton. Avec les premières neiges, les maladies se développent : fièvre typhoïde, variole, etc. La description qu’en fait Gaston Tissandier, de passage le 15 décembre 1870, est éloquente :
« Est-ce bien un camp ? C’est plutôt un vaste marécage, une plaine liquéfiée, un lac de boue. Tout ce qu’on a pu dire sur ce camp trop célèbre est au-dessous de la vérité. On y enfonce jusqu’aux genoux dans une pâte molle et humide. Les malheureux mobiles se sont pourvus de sabots et pataugent dans la boue où ils pourraient certainement faire des parties de canots. Ils sont là quarante mille nous dit-on et, tous les jours, on enlève 500 ou 600 malades. Quand il pleut trop fort, on retrouve dans les bas-fonds des baraquements submergés. Il y a eu ces jours derniers quelques soldats engloutis, noyés dans leur lit pendant un orage. »
Le manque d’instructeurs (prisonniers en Allemagne), de matériel, de ravitaillement, provoquent le découragement au sein d’une troupe pourtant largement constituée de volontaires mais livrés à l’oisiveté et à l’ennui.
Dans la débâcle de la guerre franco-prussienne, le ravitaillement en armes et en matériel connait de sérieuses difficultés : pénurie de tentes, de couvertures, de chaussures, etc.
Kerartry, choqué, informe Gambetta à plusieurs reprises. Ce dernier se refuse à l’évacuation, et affirme même ne pas se trouver choqué par ce qu’il constate.
La polémique commence à faire rage dans les journaux et le général de Kérartry démissionne, remplacé dans un premier temps par général Le Bouedec et enfin par le général de Marivault qui ordonne immédiatement une première évacuation, contre les ordres de Gambetta (qui ne signera la première autorisation que quelques jours plus tard), le 19 décembre 1870. Dès le lendemain, les 15 000 soldats les plus faibles se replient sur Rennes. Les plus malades sont renvoyés dans leurs familles. Le scandale prend plus d’ampleur, devant l’état des hommes qui rentrent chez eux…
La veille de la bataille du Mans (10 et 11 janvier 1871), Gambetta, les considérant comme étant des Chouans potentiels fournit aux 19 000 hommes restant des fusils Springfield rouillés et des cartouches avariées. Dans certains cas, certaines de ces armes explosaient au moment du tir. Le général Chanzy rejette la responsabilité de la défaite aux hommes de Conlie. En effet, c’est sur leur position de la Tuilerie que les Prussiens font porter leur effort décisif, qui décide de la victoire. Les soldats français, épuisés par deux mois de privations, mal armés, presque pas préparés, sont taillés en pièces dans la nuit du 11 au 12 par la 20e division prussienne du général von Krautz-Koschlau.
Par la suite, le général de Lalande déclare devant une commission d’enquête parlementaire :
« Je crois que nous avons été sacrifiés. Pourquoi? Je n’en sais rien. Mais j’affirme qu’on n’aurait pas dû nous envoyer là, parce que l’on devait savoir que nous n’étions pas armés pour faire face à des troupes régulières. »
Le camp de Conlie est atteint le 14 janvier par les Prussiens qui font sauter les fortifications et quittent la commune, le 6 mars… » lire la suite de l’article ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_Conlie
Aujourd’hui le général Lalande saurait pourquoi ils ont été sacrifiés : http://youtu.be/qoM_hwqh7DQ
« On eût dit un radeau de naufragés. — Misère —
Nous crevions devant l’horizon.
Nos yeux troubles restaient tendus vers une terre…
Un cri nous montait : Trahison !
— Trahison… c’est la guerre ! On trouve à qui l’on crie !…
— Nous : pas besoin… — Pourquoi trahis ?…
J’en ai vu parmi nous, sur la Terre-Patrie,
Se mourir du mal-du-pays… »
Extrait de La Pastorale de Conlie, voir lien : http://fr.wikisource.org/wiki/La_Pastorale_de_Conlie