– De la contemplation sans image…


 L'examen sans passion et scientifique des distractions est l'un des meilleurs moyens de connaître les  trente ou quarante peaux qui constituent notre personnalité, et de découvrir, par-dessous, le Moi, le Dieu immanent, le Royaume des Cieux qui est en nous.
" – Quand les distractions se présentent, on peut renoncer temporairement à la tentative de pratiquer la contemplation sans image, ou " simple regard ", et diriger l’attention sur les distractions elles-mêmes, qui sont alors utilisées comme objets de méditation discursive, pour se préparer à revenir par la suite au " simple regard". On recommande communément deux méthodes d’utilisation profitable des distractions. La première consiste à examiner objectivement les distractions, et à observer lesquelles d’entre elles ont leur origine dans les passions, et lesquelles semblent naître dans le côté imbécile de l’esprit. Le processus consistant à remonter jusqu’à la source des pensées et des images, à découvrir, de ci, ce qui est orienté vers un but, et passionnel, de là, les manifestations simplement imbéciles de l’égotisme, est un admirable exercice de concentration mentale, ainsi qu’un moyen d’accroître cette connaissance du moi qui est l’une des conditions préliminaires indispensables à une connaissance de Dieu. "- Un homme , a écrit maître Eckhart, a en lui des peaux ou cuirs nombreux, recouvrant les profondeurs de son coeur. L’homme connaît tant d’autres choses ; il ne se connaît pas lui-même. Mais trente ou quarante peaux ou cuirs, pareils à ceux d’un boeuf ou d’un ours, tant ils sont épais et durs, recouvrent l’âme. Retirez- vous dans votre propre fondement, et apprenez-y à vous connaître." L’examen sans passion et scientifique des distractions est l’un des meilleurs moyens de connaître les " trente ou quarante peaux " qui constituent notre personnalité, et de découvrir, par-dessous, le Moi, le Dieu immanent, le Royaume des Cieux qui est en nous. De la méditation discursive sur les peaux, on passe alors tout naturellement au " simple regard " dirigé sur le fondement de l’âme."Aldous HUXLEY, Des distractions,Extrait,1954.
N°B° :"- Les contemplatifs ont comparé les distractions à la poussière, à des essaims de mouches, aux mouvements d’un singe piqué par un scorpion. Toujours, leurs métaphores évoquent l’image d’une agitation sans but. Et c’est préciseément là le caractère intéressant et important des distractions. Les passions présentent essentiellement un but, et les pensées, les émotions, les fantaisies qui se rattachent aux passions, ont toujours quelque rapport avec les fins réelles ou imaginaires proposées, ou avec les moyens par lesquels ces fins pourront être atteintes. Il en est tout différemment des distractions. Il est de leur essence d’être incohérentes et sans but. Pour se rendre compte à quel point elles peuvent être vides de but et incohérentes, il suffit de s’asseoir et d’essayer de les recueillir."ALdous HUXLEY.

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